Avec les pieds
De Nicole Genovese / Théâtre musical
Distribution
Texte Nicole Genovese
Mise en scène Jeanne Desoubeaux
Création musicale Jérémie Arcache
Collaboration artistique acrobatie Karim Messaoudi
Scénographie Cécile Trémolières
Costumes Alex Costantino
Création lumières Thomas Coux
Régie générale Paul Amiel
Régie son Warren Dongué
Régie plateau Redha Medjahed
Direction de production Léonie Lenain
Chargée d’administration Clara Rodrigues
Chargée de production Blanche Rivière
Avec Arthur Daniel, Mariamielle Lamagat, Claude Lastère
Avec la voix d’Elios Noël
Durée estimée : 1h00
A partir de 10 ans
Création pour le domicile : 14 février 2025 au Théâtre de la Poudrerie
Création en boîte noire : janvier 2026 – Théâtre des 4 saisons Gradignan
Production Compagnie Maurice et les autres
Recherche de partenaires en cours
Coproduction Théâtre de la Poudrerie ; Théâtre de Saint Quentin en Yvelines ; Théâtre de Choisy le Roi ; La Clef des chants ; La Mégisserie St Junien, Théâtre des 4 saisons Gradignan En résidence avec La vie brève – Théâtre de l’Aquarium ; La Ferme de Villefavard en Limousin. La compagnie est conventionnée par la DRAC Nouvelle-Aquitaine et est soutenue pour son projet par la Région Nouvelle-Aquitaine
Résumé de la pièce
Résumé de la pièce
Dans un appartement, dans une époque indéterminée, la famille Moute dîne. Ils sont réunis autour d’une table, mais aussi d’un énorme Acacia qui a poussé au milieu de leur salon. Car depuis peu, des marronniers, des pruniers, des abricotiers, des chênes, toutes sortes d’arbres se sont mis à pousser au sein des foyers. Chez les Moute, une chance, c’est un acacia, « pensez à celles et ceux qui vivent avec des ronces… ».
Avec les pieds est la proposition tendre et décalée d’une réflexion sur la curiosité et l’attachement. Nicole Genovese ouvre son texte avec la citation de Donna Haraway, « il faut encore cultiver cette vertu sauvage qu’est la curiosité ». Le Père Moute, en patriarche dépassé, est en effet le personnage le plus récalcitrant à cette soudaine irruption d’un autre dans son salon. C’est sans compter sur la possibilité pour un être humain d’être modifié par l’altérité. Cet autre, ce bel acacia réserve bien des surprises à la famille Moute.
Note d'intention
Avec les pieds est une fable, une de ces histoires qui permettent d’observer l’âme humaine à partir d’éléments allégoriques. Le talent de Nicole Genovese pour le théâtre lui permet d’écrire des situations très concrètes qui recèlent des réflexions philosophiques beaucoup plus larges. Cet arbre au milieu du salon de la famille Moute peut être interprété de différentes manières, il est le Changement, l’Autre, l’Etranger, le Remplaçant.
Nicole Genovese écrit justement la possibilité, malgré la peur face à ce qu’on ne connaît pas, d’être modifié. Le Père Moute est un personnage assez odieux au début de la pièce, il parle mal à sa femme et à son fils, il prend des décisions tout seul, il ne supporte pas d’être pris en défaut, il angoisse de devoir parler des « vraies » choses. Véritable patriarche, il est attaché à sa télé, son confort, sa vie d’avant. Malgré tout, Nicole Genovese parvient à traiter ce personnage caricatural avec attachement et à nous faire saisir ses problématiques. Face à lui, la Mère Moute, chanteuse « de nature gaie », évolue dans cette violence sans que cela semble l’atteindre particulièrement. Cela glisse sur elle, qualité ô combien recommandée face à un tyran comme Le Père. Au milieu, L’Enfant, dont on ne saurait dire s’il a 7 ou 30 ans, est le personnage le plus énigmatique. Connaisseur précis de certains sujets, véritable prophète, figure de tolérance et de bienveillance, c’est lui qui va proposer au Père de se laisser aller à la voie de la curiosité.
L’Enfant fait penser à l’ours métis que décrit Baptiste Morizot dans plusieurs de ses ouvrages : le pizzly, contraction de l’ours polaire et du grizzly, ou « nanoulak ». L’ours métis n’est pas à proprement parlé une nouvelle espèce mais le résultat du réchauffement climatique : tandis que les grizzlys qui ont trop chaud remontent vers l’arctique canadien, l’ours polaire dont la banquise font descend vers les terres. Cette rencontre inopinée a donné naissance à des oursons blancs aux pattes brunes. Les oursons vont passer les premières années de leur vie avec leurs mères mais sans avoir tout à fait les mêmes caractéristiques qu’elles. En d’autres termes, dès leur naissance, et du fait de leur métissage, les ours métis apprennent des choses à leurs parents. Véritables « guides de demain », ces enfants métis de l’ancien et du nouveau monde n’ont d’autre choix que de construire à partir de ce qu’il leur est donné.
Nicole Genovese écrit en pensant à l’avenir. Avec les pieds est aussi une proposition à voir en famille pour cette raison ; beaucoup de choses dans cette pièce sont des mains tendues à l’enfance. Nul besoin d’être un enfant toutefois pour se laisser atteindre. La mise en scène proposera une double lecture, permettant ainsi aux différentes générations d’y trouver leur compte. L’aspect physique, absurde, burlesque donnera des clés de lecture évidentes aux plus jeunes là où la qualité d’écriture et de réflexion donneront aux adultes la possibilité d’être ému.es par cette fable intemporelle.
Avec Alex Costantino, Cécile Trémolières et Thomas Coux, aux costumes, scénographie et lumières, nous travaillons à un espace concret au sein duquel émerge la magie, le surnaturel. Il s’agit d’être aussi minimaliste que suggestif. La pièce prend place dans un décor évoquant une nature morte Renaissance. On peut en effet dater le début de beaucoup de pensées modernes à la Renaissance. C’est à ce moment charnière, où le monde clos (le géocentrisme) cède place au monde infini (héliocentrisme) qu’on peut commencer à observer l’attitude moderne de l’être humain face à des ressources qu’il pense désormais infinies. À partir de là, libéralisme, mondialisation,capitalisme se comprennent jusqu’à aujourd’hui sans trop de difficulté.
Costumes
Dans cette fable, le costume historique renaissance, avec ses fraises, ses pourpoints, ses chopines et ses crevés, se révèle être un fauteur de trouble. Il sert tour à tour à être flamboyant, magnifique mais aussi inconfortable, inadapté et incompréhensible à nos époques contemporaines. Bizarrerie entre noirceur et brillance, c’est un vestiaire en clair- obscur aussi décadent que drôle. Il accompagne le traitement surréaliste et burlesque de la pièce. La question du déguisement, omniprésente dans le texte de Nicole Genovese, nous permet de mener une réflexion sur la norme et sa subversion ; le déguisement étant l’outil de fête permettant le renversement des valeurs. Au carnaval, les fous deviennent des rois. Ici, le déguisement est une autre manière de dire la joie, la possibilité d’être transformé au contact de l’autre : ce bel Acacia qui a pris toute la place.
Scénographie
L’espace ici est surréaliste, nous sommes dans un monde artificiel et sophistiqué où un déjeuner de famille tout à fait franchouillard se transpose en nature morte renaissance. Un drapé de velours pétrole est étendu au sol, au dessus, une table de bois, qui cache bien son jeu, sur la table des plats en porcelaine à l’aspect inquiétant, un feu de cheminée déprimant, une pomme rouge-boule à facette. Au milieu de ce monde bizarre et séduisant grandit un arbre, amalgame de branches noires et luisantes, traces inquiétantes d’une nature punk et sympathique, qui ne demande pourtant qu’à participer à la fête.